L'Illustration 1925. (nem teljes évfolyam)

Előszó

4 Avkil 1925
IDÉES ET IMAGES DU TEMPS PRÉSENT
LE NIHILISME HISTORIQUE
Avcc ses poémes, ses comédies et ses drames en vers, et sa Vierge au grand Coour que nons venons de publier, dont le pathétisme est () base de psi/cho-logie, oü tant de ferme raison et de ferveur lyrique s'allient it une originalité si personnelle qui ne s'égare point hors du sens des réalitcs, il/. Frangois Porclié s'est fait une place exceptionnelle parmi les auteurs eontemporains. Un poíte est toujours un prosateur heureux. Nous avons demandc ii M. Frangois Porché d'abandonner de ternps en temps, en foveur de nos lecteurs. les vers pour la prose. Nous nous félicitons d'avoir réussi. Rt voici sa premiére chronique.
On se souvient que, récenuncnt, un « noyau » d 'instituteurs, par adhésion 011 soumission aux principes de la III* Internationale, a fait, cam-pagne contre 1'enseignement de 1'IIistoire. L'of-fensive surprit, scandalisa. Elle a provoqué des réactions immédiates. C'est d'abord M. Camille Jullian, professeur au Collége de Francé, qui, cette année, consacra toute sa le<jon d'ouverture á défendre la « valeur morale » des études historiques. Puis, l'Académie fran§aise s'est émue, et voiei que, ayant á choisir un sujet pour ]e prix d'éloqiience, elle s'est arrétée á celui-ci : Nécessité de l'IIistoirc dans 1'Enseignement rtational.
Mon intention n'est pas, ici, de prendre parti politiquement dans le débat. II n'est, pour moi, qu'un signe de plus, révélateur d'une tendance que j'observe depuis quelques années. La dis-corde qui vient d'éclater entre extrémistes et c-onservatéurs prouve, á tout le moins, que ce qui n'était, liier encore, qu'un obseur malaise s'est brusquement cliangé en erise aigue. La malatlie est déelarée ou, pour mieux dire, l'épi-démie. La contagion, en effet, ne se limité pas a quelques foyers d 'internationalisme, qui voient dans les leQons de 1'IIistoire un obstaele á la diffusion de leurs doetrines. Si la masse est encore éloignée de ces excés, déjá, cependant, le virus de ce que j'appelle le nihilisme liistorique atteint les couches profondes. Parlant á cette place au grand public, c'est donc de son propre cliangement d'attitűdé á l'égard de l'Histoire que j'ai dessein de l'entretenir.
Je voudrais, en analysant les causes d 'un état d'esprit uniformément répandu aujourd'hui, cliez des gens qui appartiennent aux partis les plus divers, mettre en garde l'opinion non pas contre un danger politique, — ce n'est pas mon affaire, — mais contre une liérésie intellec-tuelle.
Cliaeun sait que l'Histoire ne fut d'abord, ehez nous, qu'une forme de l'art oratoire. Bien entendu, échappent á cette définition les cliro-niques, comme celles de Yillehardouin, de Join-ville, de Froissart, de Commines, qui se rat-tachent plutót au genre des Mémoires. Par Histoire, j'entends l'Histoire générale, celle oü 1 'auteur ne se borne pas á relater les événements auxquels il fut mélé, mais embrasse du regard la vie des peuples ou, comme on disait au dix-septiéme siécle, des empires, leurs affaires extérieures et intérieures, leurs alliances et leurs eonflits, les guerres et les traités. A un ouvrage qui comporte une pareille vue d'ensemble, Bos-suet donne le titre de Discours sur l'Histoire universelle, appellation Vissza